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Intégrer une agence de relations presse : comment gérer ses peurs et gagner en légitimité

Chaque jeudi, nous relayons un article de COMinside, le webzine de l’ESP, terrain d’entraînement rédactionnel des ESPiens. Cette semaine nous vous partageons celui écrit par Léa Desmottes, étudiante en Bachelor 3ème année, Stratégie Digitale.

À l’ESP, nous apprenons par la théorie mais également par la pratique. L’école nous pousse à mettre en avant nos compétences auprès des professionnels de la communication, de la publicité et du marketing, d’évoluer et de lier notre enseignement aux missions professionnelles. Ainsi, l’année est bordée par 9 mois d’alternance : matin à l’école – après-midi en entreprise … et une charrette de peurs à gérer : la peur de trouver sa place, de valoriser ses compétences, d’apprendre un métier…

J’ai effectué mon stage de 6 mois et mes deux années de contrat de professionnalisation en agence de relations presse. Des peurs, j’en ai eues pas mal à affronter. Comment les surmonter ? Quels leviers activer pour s’imposer, définir un rythme professionnel tout en étant toujours à l’école ? Je vous propose de partir de mon expérience, de lister des peurs spécifiques pour vous apporter des éléments de réponses, des solutions potentielles.

La peur de la relation client

Un nouveau départ dans une agence de relations presse implique un sens du relationnel très développé. Le client est au cœur de l’agence : la gestion de ses demandes, de ses réactions est essentielle. L’attaché(e) de presse doit pouvoir le contenter en l’aiguillant sur les positionnements à adopter avec les journalistes et influenceurs. Or il se trouve que le client n’est pas toujours conscient des risques liés à sa stratégie de communication. Par ailleurs sa renommée peut en imposer. Aussi, l’Attaché(e) de presse peut se sentir illégitime, inutile ou angoissé face à lui, ne pas savoir comment l’orienter, comment lui parler. Il doit donc acquérir un réel sens de l’analyse, et un savoir-être réactif pour apprivoiser le client, comprendre son univers, et saisir ses problématiques.

En ce qui me concerne, j’ai d’abord travaillé pour une marque de produits high-tech qui voulait s’imposer auprès des journalistes spécialisés. Cela supposait d’intégrer les nombreux événements organisés chaque année pour capter l’attention de cette cible spécifique. Pour y parvenir, j’ai dû analyser toutes leurs offres, prendre connaissance des derniers articles des médias très influents tels que Les Numériques ou 01Net. J’ai donc analysé les plumes des journalistes, les caractéristiques auxquelles ils accordent le plus d’importance. Il est bien plus légitime de proposer une recommandation événementielle, une nouvelle stratégie relations presse lorsque nous connaissons le domaine du client et également le style des chroniqueurs. C’est le meilleur moyen d’acquérir une maîtrise analytique des enjeux et de justifier sa légitimité auprès du client.

La peur de la relation journalistique

Dans une agence de relations presse, la relation journalistique est primordiale. L’attaché(e) de presse doit savoir apprivoiser le journaliste afin de véhiculer son message en évitant de le lasser, de le braquer. Cependant, il doit également être à l’écoute du journaliste en fonction de sa requête et doit pouvoir le renseigner au plus vite.

Au téléphone, ou par mail, je ne savais pas comment m’adresser aux journalistes. Certains sont impatients, d’autres compréhensifs, d’autres encore aiment tester les nouvelles recrues. Durant ma première semaine à l’agence, j’ai dû jongler entre 3 demandes tout à à fait différentes :

  • renseigner un journaliste sur le prix d’un produit high-tech

  • gérer un prêt produit avec une rédaction

  • trouver la hauteur de la Tour Eiffel en quelques secondes.

Pour la première demande, il a fallu que j’appelle la marque de produits high-tech afin d’obtenir le prix du dit produit ; pour la seconde, j’ai dû contacter les stocks de la marque pour confirmer la disponibilité d’un produit, puis consulter le site de La Poste afin de lui faire parvenir dans les 48H ; pour la troisième demande, n’ayant aucun recul sur la situation, je me suis précipitée sur le web pour trouver la hauteur du monument … jusqu’à ce que j’entende le journaliste rire car il avait seulement envie de me tester et de me souhaiter la bienvenue.

Dans ce genre de situation, il faut réussir à gérer son stress par rapport aux demandes express, analyser la problématique et trouver les leviers à activer afin d’y répondre au plus vite. Quant au troisième journaliste avec sa demande farfelue, il m’a appris à prendre du recul sur certaines demandes et à créer un lien convivial avec mes interlocuteurs.

En somme, il importe de comprendre le contexte de chaque demande, d’activer les bons leviers (qui deviennent évidents avec l’expérience) afin de gérer toutes les demandes, de prendre du recul afin de ne pas être angoissé par l’appel ou le mail d’un journaliste et de créer du lien avec les interlocuteurs avec lesquels nous allons être amener à collaborer souvent.

La peur du téléphone

Dans une agence de relations presse, l’utilisation du téléphone est quotidienne et obligatoire, pour ne pas dire vitale. C’est une évidence : l’attaché(e) de presse doit être en mesure de communiquer avec son interlocuteur via le téléphone à tout moment. Cependant, certaines appréhensions peuvent survenir : comment traiter les demandes entrantes ? Comment faire des relances journalistes ? Comment gérer le stress ? Comment ne pas laisser ses émotions prendre le dessus sur le timbre de voix ? Comment se faire confiance ?

L’exercice le plus formateur en l’état demeure celui des relances journalistes. Systématiquement, à l’annonce d’un futur événement, des invitations sont envoyées par mail à destination de la cible journaliste. Quelques jours plus tard, en fonction des retours des journalistes, les relances téléphoniques doivent être effectuées afin d’obtenir des réponses au plus vite et de renseigner notre client sur le nombre de personnes présentes à l’événement.

J’ai dû appeler une centaine de journalistes en tout sur l’organisation d’une manifestation ; ce n’est guère évident de leur répéter le même discours sachant qu’ils sont différents, que leurs lignes éditoriales ne sont pas les mêmes et qu’ils n’ont pas des disponibilités identiques. Il a donc fallu que je me renseigne sur chaque journaliste, son domaine d’expertise, son style, pour personnaliser mes relances en conservant mon objectif initial : l’invitation à l’événement.

Dans ces cas là, il faut savoir se faire confiance, sentir si l’on dérange ou non, si on peut aller plus loin dans la relation avec le journaliste, insister au besoin, prendre du recul sur la situation. L’important, c’est d’être concentré sur le sujet, d’essayer de susciter la curiosité du journaliste en soulignant le caractère incontournable de l’événement.

La peur du silence ou de la news erronée

Autant dire que dans ce type de mission, la transmission d’information se fait quotidiennement. Annoncer un nouveau produit, lancer des invitations pour un event à venir, informer sur les actualités d’une marque : c’est l’activité principale d’une attachée de presse … qui peut être confrontée à plusieurs problèmes :

  • le silence du journaliste

  • une news envoyée qui s’avère altérée.

En cas de non réponse de la part du journaliste, il est impératif de comprendre pourquoi, car le client demandera forcément quelles sont les retombées face à cette news. Il est donc très important d’aller aux devants des journalistes et ne pas hésiter à demander quelle est la raison de ce silence, afin d’analyser la problématique et d’aiguiller le client sur la stratégie à adopter.

Par ailleurs, les médias peuvent dénaturer l’information, c’est-à-dire qu’ils peuvent, inconsciemment se tromper sur la date de sortie d’un produit attendu, sur son nom, son prix ou ses caractéristiques. Face à cette situation, j’ai dû immédiatement appeler les rédactions afin que les journalistes rectifient leurs articles afin de préserver la notoriété de la marque. La crédibilité du client est prioritaire. Bref, il est indispensable de gérer un envoi avant, pendant et après l’édition de l’article afin de vérifier qu’aucune information n’a été modifiée. Cela implique d’entretenir une veille quotidienne des retombées et de s’assurer que l’image de la marque n’est pas détériorée.

Vous l’aurez compris en lisant ces lignes, l’alternance permet à l’étudiant de mettre en pratique son savoir-faire mais également son savoir-être, ce qui suppose principalement d’identifier et de dépasser ses peurs en instaurant les bons process. Cette expérience est extrêmement formatrice. Elle permet de prendre confiance en soi, d’être plus assuré, d’arriver à gérer ses angoisses ; il s’agit finalement de comprendre les enjeux définis et d’activer les leviers qui permettent de répondre à toutes les problématiques, d’acquérir toutes les compétences requises afin de réussir cette expérience professionnelle. Cela semble initialement insurmontable … mais c’est finalement tout à fait faisable.

Léa DESMOTTES – Bachelor 3eme année – Stratégie digitale – 2018/2019