fbpx
21
02
19
Stage d'orientation

Petit h d’Hermès : l’art de la chute ?

Chaque jeudi, nous relayons un article de COMinside, le webzine de l’ESP, terrain d’entraînement rédactionnel des ESPiens. Cette semaine nous vous partageons celui écrit par Célime Dhaouadi, étudiant en Bachelor 2ème année. Il nous parle de la marque française de luxe Hermès et de sa volonté de penser écologie grâce à ses ateliers « petit h ».

Si vous cherchez quelle tendance est à observer actuellement dans le monde vaste et élitiste du luxe, je vous propose, chers lecteurs, de vous tourner vers la marque française Hermès … et son émanation intitulée Petit h.

Noblesse, gloire et opération anti-rebus

Créée en 1837 par Thierry Hermès, l’entreprise française de luxe, spécialiste de la maroquinerie de luxe, est aujourd’hui une des références majeures à l’échelle mondiale, pour tout dire la septième marque de luxe française avec un chiffre d’affaire de 6 milliards d’euros selon le apport d’informations trimestrielles de l’entreprise de la fin 2018.

Riche d’une histoire et d’un savoir-faire irréprochables, l’enseigne propose à ses clients des produits conçus avec des matières nobles et rares et c’est ce qui a fait sa gloire. Mais qu’en est-il désormais à l’heure de la prise de conscience écologique ? Comment cette enseigne prestigieuse intègre-t-elle les problématiques liées aux déchets, à la pollution ? Le fait-elle seulement ? Oui bien évidemment, et sa réponse s’appelle Petit h.

« Dans ce bureau d’étude buissonnière, une équipe d’un nouveau genre, au carrefour des savoir-faire de la maison, travaille main dans la main avec des artistes et des designers. Leur défi : poser un regard neuf sur la matière, réinventer, innover, pour créer de nouveaux objets de rêve et d’usage, avec la complicité des artisans ». Voici comment le site de la marque présente ce side projet prometteur né en 2010 sous l’impulsion de Pascale Mussard et qui lui permet désormais de se positionner sur le « respect du vêtement » … en travaillant les chutes de matières promises à la poubelle.

Innovation, écologie et millennials

Un gâchis que cette nièce de Dumas, l’un des dirigeants de l’entreprise, supportait mal et qu’elle s’est employée à neutraliser puis sublimer. Ainsi les produits Petit h sont conçus à partir des matières nobles d’Hermès mais recyclées ! Des bracelets et ornementsaux outils tels que des tournevis ou encore du prêt à porter aux sacs, toutes ces créations sont réalisées à partir de restes, de rebus, pour être ensuite vendues en boutique rue de Sèvre à Paris ou via le site internet. Et cela à des prix plus abordables que les autres collections.

Artistes, stylistes, artisans d’art, c’est toute une équipe qui collabore au sein d’un seul et même laboratoire situé à Pantin en banlieue parisienne, désormais géré par le directeur artistique Godefroy de Virieu, nommé en mars 2018 avec l’ambition de faire grandir ce projet en communiquant à la fois sur son caractère innovant et le respect des savoir-faire traditionnels qui définissent initialement l’ADN de la marque, en y mêlant de manière plus discrète la thématique écologique.

Cette tendance incontournable irrigue Petit h de manière évidente mais subtile. Pour une enseigne de luxe légendaire, vendre des produits recyclés revient à briser les codes ancestraux du secteur où c’est pour le moins mal vu ! Pourtant, c’est le pari qu’a relevéHermès dés 2010, anticipant la mouvance actuelle qui touche de plus en plus de grandes maisons, et s’adressant par ailleurs à cette cible tant convoitée des millennials.

S’ouvrir au monde ?

Et là il ne faut pas s’y prendre n’importe comment. Comme on pouvait s’y attendre, on ne communique pas sur Petit h à tous les coins de rue !

  • La présence d’un point de vente à l’entrée du Concept Store Hermès rue de Sèvre et non dans le magasin initial de la rue du Faubourg saint Honoré, plus traditionnel, attire immédiatement l’attention d’une clientèle friande de nouveautés et qui n’hésitera pas à rebondir sur internet.

  • Tout principalement sur les réseaux sociaux comme Facebook ou Instagram, média internet prisés par les jeunes où le hashtag #petith fait recette, relayé par nombre de passionnés. Preuve qu’il y a une fanbase active, des acheteurs et des influenceurs ravis de mettre en évidence ces créations.Et pour les motiver rien de mieux qu’une web série diffusée sur Youtube pour narrer les évolutions du concept.

  • Autre vecteur de communication, la visite de l’atelier à l’occasion des journées portes ouvertes de l’enseigne, des DD days et consort, visites souvent relayées par la presse spécialisée ou généraliste comme un événement de choix.

  • Reste l’ouverture au monde, déjà enclenchée avec l’exposition La malle aux trésors de petit h, présentée fin 2018 à Lisbonne, avant que les créations petit h ne partent embellir les boutiques Hermès de Hong Kong puis de Chengdu au printemps 2019, histoire de conquérir le juteux marché asiatique, passionné de luxe, de mode et de design.

Tout en douceur, avec originalité et discrétion, Hermès a réussi à mêler la tendance écologique et la notion recyclage à la logique du luxe … tout en conservant l’excellence de la tradition, du geste créateur et innovant. Un tour de force aussi audacieux que discret, qui il y a neuf ans, a su anticiper une réalité aujourd’hui incontournable, que toutes les grandes maisons vont devoir intégrer en urgence dans leurs stratégies. Comme quoi l’art de la chute n’est pas donné à tous …

Pour en savoir plus :

 https://www.hermes.com/fr/fr/

 https://journalduluxe.fr/

https://goforgood.galerieslafayette.com/

https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/developpement-durable-recyclage-traitement-dechets-932/page/5/

https://www.huffingtonpost.fr/2015/11/29/impact-textile-environnem_n_8663002.html

https://www.hermes.com/fr/fr/homme/pret-a-porter/#||Cat%C3%A9gorie

http://www.strategies.fr/actualites/medias/4014852W/quels-sont-les-5-reseaux-sociaux-du-moment-pour-les-jeunes-.html

https://www.facebook.com/hermes/

https://www.courrierinternational.com/article/la-chine-reorganise-sa-politique-environnementale-pour-plus-defficacite

Célime DHAOUADI – Bachelor 2eme année – 2018/2019